Par Simon Brandt.

Comme chaque année, l’IDHEAP (Institut des Hautes Études en Administration Publique) a publié le classement des villes les mieux gérées de Suisse, qui se fait cette fois sur la base des comptes 2012. Ledit classement consistant en une analyse de leur santé financière, en distribuant les bons et les mauvais points, donnant quitus ou non à la gestion desdites collectivités via une méthodologie commune. Le tout relayé par PME Magazine dans son édition de mai 2014 (voir ici l’article de PME Magazine et ici l’analyse détaillée de l’IDHEAP sur le sujet).

Pourtant, à l’inverse des années précédentes, aucune communication pompeuse de la Ville de Genève suite à ce classement, et une magistrate en charge des finances, en la personne de Sandrine Salerno, qui se fait pour le coup bien discrète. Alors même qu’elle nous avait habitué à se vanter chaque année de sa soi-disant excellente gestion financière dès que l’occasion lui en était donnée (voir par exemple ici la déclaration faite en 2012 sur son blog).

La raison en est toute simple, la Ville de Genève s’est effondrée au classement en passant de la seconde à la quatorzième place, le tout avec une note qui passe de 5.58 à 3.80 sur 6. Exit donc l’image faussée de bonne gestion financière de la commune et bienvenue dans la réalité avec une municipalité dispendieuse qui voit la majorité de gauche, du Conseil Administratif, préférer le clientélisme des dépenses inutiles plutôt que le développement durable qui voudrait que l’on cesse de vivre à crédit sur les générations futures. PME magazine souligne ainsi que, depuis 2011, la Ville de Genève a dépensé 4 francs supplémentaires chaque fois qu’elle en payait 100.

De plus, sur les huit indicateurs qui composent la note de l’IDEHAP, deux ne doivent pas être pris au pied de la lettre pour mesurer la santé financière de la Ville de Genève. En effet, ce classement note le degré d’exactitude de la prévision fiscale et la maîtrise des charges alors même que, dans le cas d’une commune genevoise, la municipalité a une marge de manœuvre extrêmement faible sur le sujet. Car non seulement, dans un premier cas, la loi sur l’administration des communes (LAC) interdit pour une commune d’avoir un déficit (il est donc normal que la Ville soit bien notée vu qu’elle ne fait que respecter la loi) mais elle ne fait que copier-coller les prévisions fiscales du canton dans le second, ce problème d’indicateurs pour la Ville est ainsi confirmé ici, à la page 152, par l’IDHEAP.

La notation de la Ville devrait donc être encore plus faible étant donné que les deux indicateurs susnommés ne dépendent pas directement de cette dernière, mais bien du canton de Genève.

Car faute de faire les choix nécessaires, la Ville de Genève vit à crédit sur ses dépenses d’investissement et continue, chaque année, à charger la barque des dépenses de fonctionnement. Une hausse des recettes fiscales sera ainsi systématiquement accompagnée d’une hausse des dépenses, il serait en effet absurde (dans la logique de l’Alternative) de ne pas dépenser jusqu’au dernier franc l’argent que l’on a à disposition. On poussera même le vice à dire que l’on n’aime pas le monde de la finance, des multinationales et de tout ce qui rapporte de l’argent ; mais on sera par contre bien content que ces mêmes sociétés contribuent au budget municipal via l’imposition.

Alors que chaque fois que sa gestion financière était bien notée, la magistrate Sandrine Salerno communiquait à corps et à cri pour montrer qu’elle gérait bien les finances publiques, on aimerait bien l’entendre, avec la même célérité, pour expliquer la mauvaise note que la municipalité reçoit cette année. Voire même, qu’elle en retienne une leçon en vue du budget 2015 pour proposer un budget qui verrait des investissements davantage autofinancés et des dépenses de fonctionnement maîtrisées.

L’article fut initialement publié à cette adresse : http://simonbrandt.blog.tdg.ch/archive/2014/05/26/finances-publiques-la-mauvaise-performance-de-la-ville-de-ge-256350.html.