Depuis mon entrée en fonction il y a bientôt une année, une grande partie de mes efforts consiste à redonner aux acteurs de la chaîne sécuritaire les moyens humains, matériels et légaux de faire leur boulot. En un mot, à leur redonner confiance en leur métier.

Concrètement, ce sont les 85 gardiens de prison que nous allons engager cette année, ce sont les centaines de places de détention que nous allons construire dans les 4 ans à venir ou encore les moyens supplémentaires octroyés aux policiers pour être plus efficaces dans leur travail.

Cette semaine, deux partis de gauche ont déposé un recours au Tribunal fédéral contre la modification de la Loi sur la police (LPol) permettant à la police d’effectuer des observations préventives et des investigations secrètes, par exemple sous identité d’emprunt.

Voilà qui est pour le moins malvenu. La police a en effet besoin de ces bases légales pour faire correctement son travail. La possibilité de mener des investigations secrètes est par exemple indispensable à la traque préventive des pédophiles sur Internet.

Depuis le 1er avril, ces nouvelles bases légales, grâce aux « achats test » qu’elle autorisent, ont par ailleurs permis d’arrêter quatre trafiquants de drogue très actifs dans les communes suburbaines.

Dans le domaine de la sécurité, agir par dogmatisme ou – je veux le croire – par naïveté, est tout simplement irresponsable à l’heure où nous devons tous tirer à la même corde.

Il en va de même dans le débat sur la vidéoprotection, où une partie de l’Exécutif de la Ville de Genève s’oppose à la mise en place d’un dispositif pilote dans le quartier des Pâquis.

Pourquoi ? Parce que certains, par principe, ont décrété que la vidéoprotection, c’était « mal ». Sans aucune considération stratégique. Par pur jeu politique.

Dans ce dossier, me faire le procès de vouloir remplacer des policiers par des caméras est tout simplement absurde, sachant que le développement de police de proximité est une de mes priorités. Moyens humains et techniques sont tout simplement complémentaires.

Enfin, que dire de la récente proposition des Verts de créer des « bobbies » à Genève?

A l’heure où la police de proximité – incarnée par les polices municipales et les ilotiers de la Gendarmerie – monte en puissance et est appelée à fortement se développer ces prochaines années, cette proposition enfonce, au mieux, une porte ouverte.

De plus, dans la droite ligne des médiateurs culturels proposés il y a deux ans à la place des APM demandés en Ville de Genève, elle est construite sur le déni de réalité qui consiste à croire qu’il existe de « petits » délits, mineurs par rapport à la « grande » crimalité.

L’actualité quotidienne nous prouve pourtant le contraire, en témoigne par exemple la récente et sauvage agression d’une personne âgée par un jeune Roumain de 13 ans.

Ainsi, il est temps de redonner à la police sa pleine capacité d’action, tant préventive que représsive, en la dotant des armes d’aujourd’hui pour lutter contre une criminalité qui n’attend pas.

Le domaine de la sécurité est trop important, trop actuel, trop vital pour tomber dans le jeu des querelles partisanes.

Pierre Maudet